“2023, une année cruciale pour la compétitivité européenne”
Par Sophie Blégent-Delapille,
Managing Partner de Deloitte Société d’Avocats
À l’occasion de la sortie de l’édition 2023 du Choiseul 100, Sophie Blégent-Delapille, Managing Partner de notre partenaire Deloitte Société d’Avocats, est revenue sur les enjeux de transition écologique pour les dirigeants français et européens.
L’adoption de l’Inflation Reduction Act (IRA), le plan de Joe Biden pour la transition énergétique, a constitué un choc pour
l’Europe. Nul doute que parmi la promotion des 100 jeunes décideurs économiques distingués par l’Institut Choiseul, un nombre important sera rapidement confronté d’une façon ou d’une autre aux conséquences de ce plan.
L’ampleur des allégements fiscaux et des subventions prévues, 400 milliards de dollars sur 10 ans, positionne clairement les Etats-Unis comme un leader sur les enjeux de transition énergétique, en concurrence directe avec l’Europe. Le plan fait surtout craindre que les entreprises installées sur le continent européen ne fassent le choix de développer leurs solutions technologiques vertes outre-Atlantique. Dans le contexte de la guerre en Ukraine et alors que l’énergie est deux fois plus chère en Europe qu’aux Etats-Unis, notre compétitivité est remise en question.
Une réponse européenne à l’IRA est nécessaire pour préserver notre attractivité.
Rappelons que, grâce aux mesures prévues par l’IRA, les industries vertes américaines pourraient désormais bénéficier d’aides publiques de deux à six fois supérieures à celles autorisées par les règlements européens. Les premières conséquences se font d’ailleurs ressentir alors que Tesla vient d’annoncer que les allègements fiscaux de l’IRA avaient influencé ses plans initiaux sur sa Gigafactory en Allemagne. Cette usine, qui devait devenir l’un des plus grands fabricants de batteries au monde, ne produira finalement que des composants, qui seront ensuite envoyés aux États-Unis.
L’Union européenne avait saisi depuis de nombreuses années l’importance de financer la transition énergétique. Dès 2019, le Pacte vert prévoyait 1 000 milliards d’euros en 10 ans pour faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone en 2050. Pourtant, à l’inverse de l’IRA, ce plan était marqué du sceau de la complexité avec une juxtaposition de textes et de sources de financements peu lisibles. Alors que les entreprises européennes avaient besoin de clarté et de visibilité pour leurs décisions d’investissement et le financement de ceux-ci, les plans de la Commission étaient difficiles à appréhender.
Fixer des règles simplifiées pour soutenir les investissements dans les technologies vertes.
L’annonce du plan Biden a eu le mérite de faire réagir l’Europe sur ces points. La réponse à l’IRA présentée par Ursula von der Leyen est centrée sur la simplification du cadre règlementaire pour la production de technologies vertes
(batteries au lithium, hydrogène, photovoltaïque, pompes à chaleur, éolien) et la rapidité d’accès au financement, notamment à travers l’assouplissement temporaires des règles en matière d’aides d’État.
Malgré le contexte difficile, la France et l’Europe conservent une forte attractivité. Ainsi, le nombre de projets d’implantation en France a progressé de +7 % en France en 2022 selon Business France. Le rôle des dirigeants de demain est justement de préserver et de renforcer les atouts économiques dont nous disposons en faisant le pari de la croissance durable et de l’investissement dans les technologies vertes.